Sindaëlle ne bougeait pas. Elle n'osait, tout du moins, pas encore bouger. Peut-être qu'un orque était encore vivant. Peut-être que son plan allait être découvert. Réprimant une nausée devant les corps décapités des créatures, elle se décida enfin à bouger. Rejetant une mèche rousse qui venait lui barrer le visage, elle regarda encore autour d'elle, de peur de voir un orque qui ne serait pas mort. Sa stratégie avait mieux marché que ce qu'elle aurait pensé. L'avantage de vivre pendant quatre ans avec des servants du Grand Oeuil était que, maintenant, elle connaissait leur points faibles. C'est ainsi, qu'en déclanchant une bataille, elle avait la voie libre.
Sa seule et unique peur était de rencontrer un nazgul.
Elle avait entendu que l'un des leurs allaient venir ce jour-ci à la tour de garde.
Cette pensée ranima son courage et sa vivacité. Elle saisit l'épée d'un orque mort, et ramassa la chaine attachée à son cou qui trainait par terre, afin de ne pas être gênée et ne pas attirer l'attention. Hors de vue de la salle, elle se mit à courir, sa robe en lambeaux voletant derrière elle. Elle descendait les escaliers à une vitesse hallucinante. Soudain, elle entendit des voix gutturales: celles de deux orques. Elle se tapit vite derrière une colonne et attendit.
Au bout d'une éternité, les deux créatures tournèrent dans un couloir, et Sindaëlle reprit sa course folle. Arrivée à une fenêtre, et failli mourir de terreur: le nazgul était arrivé! Son ombre ailée se reposait et le chevalier noir observait la tour. Il rentra. Dans un mouvement de panique, la jeune femme voulut rebrousser chemin, mais se reprit. Elle courra dans l'autre direction, et, au bout de cinq bonnes minutes, arriva à la sortie, du côté de la tour opposé à l'Ombre Ailée. Elle se reposa alors un peu, reprit son souffle, et laissa tomber sa chaine par inadvertance. Elle se reposa encore un moment, puis observa le paysage morose et aride. Au loin, elle pouvait voir l'oeuil de Sauron, qui, heureusement, ne regardait pas dans cette direction. Au loin, la Montagne du Destin crachait avec fougue des morceaux de roche en fusion.
Soudain, elle sentit la chaine qui ensserait son cou la tirer en arrière.