Arrivée à Cair Andros

Le voyage fut long et assez éprouvant, mais Syria n'avait absolument pas vu le temps passer, car elle se sentait bien partout et dans toutes les conditions, tant qu'elle était avec Kaërm. Pendant le voyage il avait pu se parler un peu, surtout lors des repas, car le bruit des sabots ferrés de leur jument Litse les empêchaient de se parler. Ils mangèrent ce qu'ils chassaient, traquant à tour de rôle. Syria avait insisté pour toujours faire sa part, car elle en était tout autant capable que lui et surtout parce que l'elfe noir était très blessé. Son entaille à la cuisse avait heureusement arrêté de saigner et commencé à cicatriser, mais il fallait vraiment qu'ils trouvent un guérisseur dans les jours à venir. Son serpent, quand à lui, se remettait lentement. Il sortait quelques fois de sa longue léthargie, mais son état ne s'améliorait pas. Même pire, la gondorienne sentait que la situation empirait depuis quelques temps.

Sa propre blessure à la cheville avait presque fini de cicatriser, ce qui lui permettait de faire toutes les activités de la vie de voyage sans grande difficulté.

Enfin, la silhouette de l'imposante citée se dessina à l'horizon. Syria avait très bien senti que Litse faiblissait de plus en plus. Elle la nourrissait avec encore plus de soin et lui faisait boire des mixtures à base de plantes pour lui fournir plus d'énergie. Mais finalement, un jour, Syria se rendit compte qu'elle n'en pouvait presque plus. Elle allait en parler avec Kaërm lorsque celui-ci la devança :

-Liste est trop faible pour porter encore deux personnes, je vais continuer à pied ça ne me gêne pas.

Syria fronça les sourcils, car elle n'aimait pas le voir mettre sa santé à l'épreuve ainsi. Mais elle ne s'interposa pas, ayant appris durant ses semaines en sa compagnie que s'il voulait faire quelque chose pour aider, personne ne lui fera renoncer même s'il est blessé. La jeune femme se contenta donc de lui lancer un sourire taquin en pensant *Il ne changera donc jamais*

Mais, comme toujours, elle voulait faire sa part et refusait d'être en position privilégiée. Elle lui soumit donc ceci, avec un air sévère feint, mais réprimant un sourire :
-D'accord, mais nous changeons dans deux heures.

Ils chevauchèrent ainsi dans un bonheur parfait. Syria aimait voyager, c'était de plus ce qu'elle faisait de sa vie entière : Parcourir les terres inconnues à la recherche d'elle-ne-sait-trop-quoi...C'était sa forme de liberté et sa source vive de bonheur... Voyager en compagnie de son aimé Kaërm accentuant sa bienséance. Elle avait presque oublié sa douleur et ses blessures lorsqu'elle vit Kaërm, qui marchait à côté d'elle, grimacer de douleur. Intriguée plus qu'inquiète pour le moment, la jeune femme examina la cuisse de l'elfe qu'elle supposait être à l'origine de cette grimace. Son expression changea brusquement lorsqu'elle vit le liquide rouge couler le long de la jambe de l'elfe noir. Abondamment. Trop abondamment. Le visage de la femme devint livide. Elle sauta tout de suite à terre, les traits déformés par l'inquiétude. Elle lui demanda avec anxiété, bien qu'elle connaissait parfaitement la réponse :

-Ta blessure te fait encore mal ?

Lorsque celui-ci tenta de la rassurer en lui disant que tout allait bien, Syria secoua la tête de droite à gauche, l'air préoccupé.

-Non, ce n'est pas rien. Ta blessure s'est rouverte et elle saigne abondamment...Nous devons vite renter au palais et te soigner, sinon l'hémorragie empirera...Mais pour l'instant, il faut au moins changer le bandage...

Ceci fait, Syria insista pour qu'il monte sur Litse et y reste jusqu'au château. Elle faisait sourde oreille à ses protestations de guerrier endurci et marcha aux côtés de lui, vérifia régulièrement que tout allait bien. Ils se rapprochaient de plus en plus du palais et atteignirent enfin ses immenses portes...

Du haut des remparts des gardes virent des hommes chevaucher sur un cheval, ils n'avançaient pas extrêmement rapidement mais leur course semblait sûre et avait un but précis. Un garde s'appuya paresseusement sur sa lance observant le couple encore au loin, quelque chose gênait son regard mais il ne savait pas encore quoi ... Plus les jeunes gens s'approchaient et plus il se relevait pour les regarder, enfin après un quart d'heure d'attente au moins, ils arrivèrent en bas de la porte. Tout de suite le garde comprit ce qui avait fait loucher son regard et il accosta du haut du mur les jeunes gens.

- Les elfes noirs ne sont pas les bienvenus ici, repartez au plus vite si vous ne voulez pas vous trouver transpercé de flèches. Allons, allons, circulez.

Son ton était sévère, le soldat était en réalité un capitaine, on lui avait confié ce post depuis peu, il avait fait ses preuves ... la vue de l'elfe le fit frémir, quelles horribles créatures ces elfes, beaucoup de rumeurs et légendes courent sur ces êtres, il espérait qu'il n'aurait pas affaire avec lui.

Syria entendit avec soulagement une voix les aborder, venant du haut des murs. Mais elle se raidit en comprenant ce que le garde disait.

-Les elfes noirs ne sont pas les bienvenus ici, repartez au plus vite si vous ne voulez pas vous trouver transpercé de flèches. Allons, allons, circulez.

Elle chercha l'homme des yeux quelques secondes, puis lui répondit calmement, tout en posant une main sur l'encolure de Litse, qui s'arrêta sur le champ. Elle se garda de faire un geste vers son arme et adopta une posture inoffensive.

-Il est peut-être un elfe noir, mais dans son état, il ne peut pas vraiment vous faire grand chose.

Syria regrettait de devoir dire cela de l'elfe noir, mais c'était leur seule chance de pouvoir passer. Elle devait tout d'abord lui convaincre qu'ils n'étaient pas une menace.

-Il a été gravement blessé à la jambe et la blessure vient de s'ouvrir à nouveau. Nous venons de chevaucher très longtemps et sommes épuisés. Quand à moi, je n'ai aucunement envie de vous attaquer, d'ailleurs cela ne m'apporterai rien de m'en prendre à un de mes semblables. La seule chose que nous voulons c'est entrer et rejoindre monsieur Elbarâd. Elle lança un regard vers Kaërm. Nous venons pour son mariage. Vous devez être au courant, n'est-ce pas ? interrogea-t-elle.

Le soldat les regarda d'un air peu réprobateur, s'il les laissait entrer, la sanction serait trop grande pour lui, il ne pouvait le faire. La jeune femme peut-être pouvait entrer mais l'autre homme non, dans aucun cas. Lorsqu'elle parla de l'état de l'elfe le soldat rit, mais quand elle mentionna le mariage du général Elbarâd, l'histoire fut moins drôle. Depuis quand est-ce que les gens sont au courant ?! L'affaire n'était pas mince ... le garde se retourna disparut du champ de vision des deux jeunes gens. Il descendait rapidement les escaliers d'une tour pour se retrouver en bas des portes qu'il fit ouvrir légèrement. Le grincement de celles-ci rappelait comme un gémissement, les portes s'ouvraient péniblement et il laissa entrer le couple.

- Je vais vous faire amener au roi, je ne préfère pas prendre de risques, si jamais vous dites faux vous en subirez les conséquences.
Je vous serais obligé jeune demoiselle que vous nous suiviez mais votre ami devra être placé entre de bonnes mains, ainsi soit-il !

Le soldat fit lier les mains de l'elfe dans son dos, et, accompagné d'une bonne garde ils firent irruption dans le palais, cherchant Targon et le trouvant sous peu.

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