Insomnie ...

Elle se retournait sans cesse.
Deux minutes à peine sur le côté droit, une sur le côté gauche, trois sur le ventre.
Rien à faire, le sommeil ne venait pas.
Lankâa se mit sur le dos et fixa le plafond d'un oeil rêveur.
Elle jeta un regard vers le reflet de la lune et de son manteau de nuages laiteux dans l'acier de son épée, dont une petite partie était sortie de son fourreau. L'astre était haut dans le ciel, la nuit était bien avancée.
Combien de temps avait-elle cherché le pays des rêves ?
Elle n'avait pas fermé l'oeil une seule seconde.
Et cela sans raison apparente.

Lankâa rejeta sa couverture et se leva de ce lit qui ne servait à rien puisqu'elle ne pouvait y dormir.
Elle enfila sa longue robe noire.
Celle avec des manches trois quart, celle dont le décolleté était un décolleté sans l'être puisque des rubans étaient lacés devant la peau banche de sa poitrine, pour masquer la vue aux éventuels amateurs de chair féminine ou - qui sait - pour les faire rêver encore plus de cet endroit défendu.
Puis, elle se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit.
Le vent nocturne s'engouffra dans la chambre, faisant voler les rideaux de dentelle, les boucles noires de Lankâa et les plis de sa robe.
Son esprit était surchargé de pensées mais pourtant, rien de très précis ne se dessinait à l'horizon de ses songes.
Elle contempla la nuit.
Avec son ciel d'encre impénétrable et ses millions d'étoiles scintillantes.
Oui, décidément, Lankâa aimait la nuit.
Lankâa finit par refermer la fenêtre.
Puis elle se dirigea vers le centre de la pièce, chaussa ses ballerines à lacets qu'elle avait abandonnées quelques heures plus tôt, mis le carquois de flèche et l'arc longbow dans son dos puis descendit les marches à pas de loup et sortit en silence de l'auberge.
Lankâa marcha une bonne heure au hasard des rues et au risque de faire des mauvaises rencontres.
Une ombre attira son regard.