Nous faisons la science

Joe-Jack s'était rendu en Khand.
Pourquoi cela ? L'instinct de l'inventeur !
Donc voilà, Joe se dirigeait vers un arbre, perdu au milieu des steppes arides de Khand.
Au loin, se trouvait les merveilleuses montagnes formant la frontière du Mordor !

" Le Mordor, j'espère que les autres trouveront un chemin plus sûr.
Je crois, Mydrion, que nous ne les reverrons pas. "

" ça s'pourrait qu'oui, Monsieur Joe, ça s'pourrait. "

" Je suis heureux que tu sois avec moi, Mydrion. "

Eh voilà, le brave Mydrion avait pris cette phase comme un gage d'amitié, alors que cela n'était uniquement que les affaires.
Cet Elfe était un peu naïf, mais nom de Dieu qu'est ce qu'il était doué dans la fabrication d'objets elfiques !
Et justement, Joe-Jack avait l'intention d'inventer des objets de style Elfique du Milieu du Premier Âge.
Il se tourna alors vers Mydrion :

" Mon ami, nous n'irons pas en Mordor, seul un fou y irait. "

" Mais, Monsieur Joe, Frodon et Sam y sont bien allés, comme le disent les légendes. "

" Et depuis quand Frodon et Sam sont des êtres censés hein ?
Non, ce ne sont que des fous, de sombres crétins !
Et l'espèce de Gnomme qui les y a conduit était quant à lui profondément psychotique. "

" Mais, Monsieur Joe, c'est tout de même grâce à eux que le Monde connaît la paix et que Sauron a été vaincu. "

" Balivernes, jeter un anneau en or dans un volcan ne mène pas à la destruction d'un Empire !
Je suis de ceux qui pensent qu'au même moment, un séisme d'une magnitude extrême toucha le Mordor.
Ce n'est que pure coïncidence. "

Là dessus, Mydrion resta abasourdi.
Son maître Joe-Jack lui avait cloué le bec en un instant.
Le jeune Elfe commença alors à poser à Joe une question décisive dans le voyage :

" Maître, que faisons nous en pays de Khand, au juste ? "

Joe-Jack prit alors un air supérieur, et, d'un ton sûr de lui, répondit :

" Nous faisons la science, cher associé ! "

Mydrion n'avait encore jamais entendu ce terme.
Il posa alors naïvement la question :

" Mais, monsieur, Joe, qu'est ce que la science ? "

Là-dessus, Joe-Jack répondit :

" La science est ce que nous faisons. "

N'ayant pas compris que Joe-Jack se moquait ouvertement de lui en lui répétant exactement ce qu'il lui avait dit à l'instant mais dans le sens inverse, le jeune Mydrion ne put s'empêcher de sortir un :

" Ouaaaaaah "

Joe réfléchit un instant, puis, après avoir réfléchi, dit à son esclave associé :

" Très cher, allez me chercher des herbes, des mûres, deux ou trois feuilles de chanvre, des grains de blé et l'eau. "

Mydrion, dont la curiosité était sans limite, demanda d'un air vraiment débile :
" Quel objet sensationnel allez vous encore inventer, mon humble maître ? "

" Nous allons manger, sombre crétin ! "

" Du feu, des flammes, des braises, et une odeur de cramé...
Je sens une présence maléfique, une créature des ténèbres n'est pas loin... Je le sens... "

" C'est mon cannabis que tu sens... ", répondit Joe-Jack à son ami Mydrion.

Ah, ces Elfes, pourquoi recherchent-ils toujours des explications hyper compliquées à des choses simples et évidentes ?

Joe-Jack était en réalité un semi-Elfe, sa mère était une Elfe, tandis que son père était un Gondorien.
Il saisissait de ce fait beaucoup de caractéristiques des Elfes que les Humains ne comprenaient pas, mais ça, il ne l'avait jamais compris.

Le jeune Mydrion était rouge de honte.
Son maître Joe l'avait encore remis à sa place.

" Cela dit, mon ami, tu as fait beaucoup de progrès dans ton processus de déselficisation. "

" Merci, Monsieur Joe. "

Joe-Jack était donc assis contre une baie, en train de se rouler un pétard devant des grains de blé qui cuisaient dans sa marmite d'eau.
Le feu, quand à lui, avait été allumé grâce à une loupe que l'inventeur avait utilisée.
Mydrion, de son côté, savourait les mûres qu'il avait récoltées sur un arbuste où, quelques minutes auparavant, un coyote avait marqué son territoire.
Cela donnait d'ailleurs un peu de goût à son repas.
Mydrion tendit une mûre à Joe-Jack :

" Tenez, monsieur, ça a un drôle de goût. "

" Hum... Urine de coyote toute fraîche.
Qui dit coyote, dit proies. Car sinon le coyote ne survivrait pas.
Qui dit proie... "

" Dit nous allons nous régaler !! ", répliqua fièrement Mydrion.

" Oui, précisément.
Mais tu sais, Mydrion, les proies, encore faut-il les chasser.
Tu sais ce que nous allons faire ?
Eh bien nous allons suivre le coyote... Nous allons attendre qu'il tue une proie, et, nous allons lui voler sa carcasse.
Qu'en dis-tu, mon ami ? "

" Judicieuse idée, maître ! "

C'est ainsi que Joe-Jack et Mydrion, après avoir consommé les mûres parfumées, ainsi que le blé cuit à l'eau, partirent à la chasse, volèrent la carcasse abattue d'un pauvre coyote qui n'eut d'autre solution que de se résigner à en trouver une autre, et, en revenant, perdirent leur place ( car qui va à la chasse perd sa place ).
Ils retrouvèrent à l'endroit où ils s'étaient reposés auparavant un campement de Variags complètement défoncés, ce qui rappela à Joe-Jack qu'il avait oublié d'emmener avec lui, lors de la chasse, ses pétards de Marie-Jane.
Il décida alors de ne pas partir, se disant que cela ne valait pas le coup de reprendre son chanvre, vu qu'ils étaient environ une vingtaine, et que Joe ne pourrait en vaincre autant, même drogués, même accompagné de son ami Mydrion.
Il abandonna l'affaire.
Le lâche, diriez-vous ?

" Le stratège, JE suis une stratège, un fin stratège, un être extrêmement malin, et j'aurai ma revanche, maintenant ou plus tard. "

Emporté dans un élan d'orgueil et de vanité, Joe s'éloigna du campement, accompagné par son serviteur Mydrion, qui pliait sous le poids d'une espèce de brebis dont le cou était percé de crocs de coyotes.